PENSER À FLATTER
Quand je cuisine, je goûte, j’ajuste, je rectifie, je goûte encore. Un peu de sel, de poivre, une touche d’acidité, trop d’amertume, pas assez de fond. Je goûte à nouveau, l’équilibre est là.
Pourtant, parfois, c’est comme s’il manquait toujours quelque chose. J’ai envie de resserrer les saveurs, de les lier dans un même élan, de les densifier.
Malheureusement pour nos artères, les matières grasses, ont cette capacité à unifier et à exhaler les goûts car elles en intensifient la perception. Elles flattent.
Et de tous les flatteurs, le beurre est sans aucun doute le champion.
Je l’ai pourtant longtemps délaissé, l’unissant à l’image d’une cuisine d’autrefois, lourde, riche et abusivement crémée. C’est sûr, l’huile d’olive, c’était tellement plus sain, plus léger et plus à la mode.
Et puis, un jour, les bras chargés d’excuses, je le retrouve. Qui m’a ramené dans le droit chemin ? Un souvenir d’enfance, c’est sûr. L’odeur d’une viande ou d’un poisson fariné qui accroche doucement dans un beurre noisette, le goût rond et plein d’une purée, un jus lisse et brillant. Ou peut-être, tout là-haut, bon-papa Jules, ancien inspecteur à l’Office National du Lait et de ses Dérivés. Allez savoir…
Me voilà donc en pleine euphorie avec l’envie de mettre mon ami retrouvé à toutes les sauces.
J’ai du miso blanc dans mon frigo. Vous savez, cette pâte de soja fermenté, pâle, douce et plutôt salée.
Voilà une belle mission pour mon nouvel ami. Adoucir, arrondir et cajoler.
J’en ai les yeux qui plissent. C’est bon signe !
J’ai réalisé cette recette à la fin de la période des asperges. Vous pouvez, sans problème, la remplacer par un autre légume de saison (carotte entière, daikon, navet,…).