PENSER AUX POMMES DE TERRE DE LA CAVE

Il y a des choses que l’on aimerait ne pas chaque fois oublier. Alors on écrit un mémo pour y penser, un autre pour penser à penser et un troisième pour penser à penser à ne pas oublier. Il faut croire que les idées semblables s’annulent car au moment de dépouiller toutes ces notes, comme autant de feuilles cachant le fruit, il est trop tard.

Je les aurais pourtant aimées moi, ces pommes de terre Mozart, je les aurais chouchoutées au beurre cru, cageolées dans une graisse de canard chantante ou bordées de quelques cèpes.

Mais les voilà autres, mutées, ailleurs, bien loin de ma cuisine, tendant leurs doigts osseux et tentaculaires vers une lumière trop rare, espérant atteindre une autre étape de leur existence et vivre à nouveau.

Qui a parlé de nature morte ?

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