PENSER À TREMPER
N’est-il pas plus belle expression de la gourmandise que l’acte de tremper ?
Un morceau de pain dans une bonne huile d’olive ou un reste de sauce, une mouillette dans un jaune d’oeuf, un sushi dans un peu de shoyu et de wasabi, un bulot dans une mayonnaise maison ou, à l’heure du goûter, un biscuit détendu dans du lait bien froid ou à l’inverse, dans un café bien chaud, une madeleine trempée dans une infusion de thé ou de tilleul… voilà, j’y suis, pris avec les doigts dans le pot de choco (moi c’était plutôt la mayonnaise) aux racines du sentiment, en pleine extase nostalgique. Marcel, sort de ce corps ! Proust, hein, pas le poisson rouge, ah non c’était Maurice, soit.
Parce que c’est un sentiment dense et plein, unifiant dans l’instant le corps et l’esprit, on imbibe, on sauce, on humecte, on détrempe, on imprègne, on sature, on comble de goût chaque espace disponible pour que la magie opère d’une simple pression de la langue.
Voici une recette qui semble toujours procurer à mes « attablés » ce sentiment particulier, à la source de nos natures gourmandes.